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lire et penser, read and think
20 mai 2012

Je suis un chat; Natsume Soseki



Natsume-soseki-Je-suis-un-chat




quatrième de couvertureMort en 1916 à quarante-neuf ans, Natsume Sôseki vécut aux confins de la psychose la déchirure dont pâtirent tous les intellectuels nés avec la révolution industrielle, politique et culturelle du Meiji. Formé aux lettres classiques chinoises, au haïku, mais envoyé en Angleterre de 1900 à 1903 pour pouvoir enseigner ensuite la littérature anglaise, il s'imprégna si profondément du ton de Swift, de Sterne et de De Foe que, sans nuire à tout ce qu'il y a de japonais dans Je suis un chat, cette influence nous impose de penser au voyage de Gulliver chez les Houyhnhnms; sans doute aussi d'évoquer Le chat Murr d'Hoffmann. C'est pourquoi le traducteur peut conclure sa préface en affirmant que Je suis un chat «suffit amplement à démentir l'opinion si répandue selon laquelle les Japonais manquent d'humour». Ni Hegel, ni Marx, ni Darwin, qu'il a lus, ne lui ont fait avaler son parapluie.
La gouaille, voire la désinvolture apparente, n'empêchent pas les chapitres de s'organiser, cependant que tous les styles (jargon des savants et du zen, ou argot d'Edo, ancien nom de Tokyo) se mêlent pour présenter la satire désopilante d'une société en transition, et même en danger de perdition. Kushami-Sôseki se demande parfois s'il n'est pas fou, mais c'est la société d'alors qui devient folle, elle qui déjà enferme en asile ceux qui la jugent. Le chat ne s'y trompe jamais, lui : aucun ridicule n'échappe à ce nyctalope. Alors que peut-être on en devrait pleurer, on rit follement. Si vous voulez comprendre le Japon, identifiez-vous au chat de Sôseki.

 

mon avis : Un chat sans nom et cynique au possible décrit le quotidien de son maître, et, par extension nous livre une acerbe critique de la société japonaise. Il vit chez un professeur d'anglais atypique et quelque peu asocial qui pourrait être considéré par moment comme le reflet de l'auteur lui même. De nombreuses références y sont en effet glissées que ce soit sur lui ou bien sur certains de ses élèves. Tour à tour grotesque, enjoué, philosophique, hilarant ou même existentiel, ce roman est déroutant et envoutant. 

Ce chat, doué d'un esprit curieux, critique, ironise et philosophise sur sa situation même de chat, son existence et ses aléas ainsi que sur les tares des hommes. Tout y passe, de la mode vestimentaire, à nos coupes de cheveux en passant par nos loisirs, rien n'échappe au regard aiguisé de ce chat cruel et attachant. Doué pour l'observation et l'analyse, nous ne nous lassons pas de lire les théories loufoques et saugrenues de cette bête à poils toujours tapi au bon endroit.

A la fois drôle et profond, ce roman nous plonge dans le quotidien d'une famille, où de nombreux invités se succèdent et ne se ressemblent point. Les personnages sont certes à certains moments relativement caricaturaux il n'en demeure pas moins un fond de vérités quant aux grands caractères de l'humanité. Le prétentieux, l'égoïste, le misantrope, l'amoureux transi, la femme soumise, la femme mariée et désireuse de changements en vain, le chat roublard, le chat issu d'une famille bourgeoise, bref, toutes les classes sociales y passent sous forme animale ou humaine.

A la fin de ce roman, vous ne verrez plus l'animal soit disant domestiqué par excellence du même oeil.

 


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